La Prophétie de la Reine des Neiges by Dixen Victor

La Prophétie de la Reine des Neiges by Dixen Victor

Auteur:Dixen Victor [Dixen Victor]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Commercial
Publié: 2014-01-21T23:00:00+00:00


Le mois de mai s’envola, puis juin. Le printemps se transforma en été. De ravissantes jeunes femmes et des jeunes gens endimanchés apparurent aux terrasses des cafés, tout à leurs jeux amoureux, tandis que se multipliaient les fleurs dans les parcs et les fruits sur les étals des marchandes des quatre-saisons. Mais Hans ne le voyait pas. Il écumait désormais les librairies, en proie à son obsession, achetant tous les livres qui traitaient de la peine capitale.

Ainsi apprit-il que les exécutions publiques, pratiquées en place de Grève, au cœur de Paris, depuis des siècles, venaient d’être déplacées aux confins de la ville, sur la peu fréquentée place Saint-Jacques. La monarchie de Juillet, soucieuse de cultiver son image d’apaisement après le chaos de la Révolution, de l’Empire puis de la Restauration, voulait autant que possible cacher la vue du sang au peuple. Passant ses journées à lire l’histoire de la guillotine, à détailler le récit de chaque exécution minute par minute, Hans occupait ses nuits à imaginer comment tenter une ultime évasion, le jour où Blonde serait menée faubourg Saint-Jacques. Il avait affiché le plan de la place dans sa chambre d’hôtel, sur le mur, en face du miroir qu’il avait soigneusement voilé (il avait un peu honte de cette précaution extravagante, mais depuis l’épisode de la bibliothèque du palais d’Amalienborg, il se sentait incapable de dormir sous un miroir nu…).

C’est dans ce triste décor que la tête de Meisling choisit de réapparaître, un soir du début de juillet.

« Voilà deux mois que vous êtes à Paris à errer comme un rebus, Andersen, grinça-t-elle. L’exécution de Blonde est inévitable et vous le savez très bien. »

Hans avait beau se boucher les oreilles avec les boules de cire qui l’avaient isolé du vacarme des grêlons à Copenhague, il ne pouvait pas échapper à cette voix qui le poursuivait :

« Tous les plans d’évasion qui vous font bouillir la cervelle sont encore des excuses pour ne pas commencer ce premier roman que vous êtes bien incapable d’écrire. Je vous l’ai toujours dit : vous échouerez parce que vous n’avez pas l’étoffe d’un auteur, et l’on ne s’improvise pas à l’être ! »

Hans se dit que s’il ne tentait pas une action, il allait vraiment devenir fou. Il se souvint du livre qui l’avait le plus marqué parmi ses lectures morbides : Le Dernier Jour d’un condamné, publié par le fameux Victor Hugo. Depuis des années, ce dernier se battait contre la peine de mort. C’était peut-être cela, la solution : essayer d’abolir la sentence elle-même, puisqu’on ne pouvait y soustraire la condamnée ? Mais comment contacter le grand écrivain, déjà si célèbre, si courtisé, bien que du même âge que Hans, lequel n’était qu’un inconnu ? Victor Hugo semblait inaccessible – aussi bien l’homme que sa réussite littéraire, dont la pensée ramenait inexorablement Hans à ses propres difficultés.

Le temps passait.

L’horloge tournait.

Le rire sardonique de Meisling s’intensifiait.



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